Le jour où j'ai commis une grosse erreur au boulot

Publié le par Mitchelle

Je m'occupe tous les soirs d'affranchir le courrier puis d'aller le déposer à la poste.
Courriers ordinaires, recommandés, chronoposts.
Aujourd'hui comme tous les jours, quelques minutes avant de partir à la poste (en tout cas la dernière demi-heure), tout le monde m'amène son courrier. C'est du dernière minute. Je dois l'affranchir en vitesse et partir avant 17h00.

Entre-deux le téléphone sonne, des gens arrivent. Il faut tout gérer à la fois.

Je pars chargée à la Poste. Le sac est très lourd. D'habitude quelqu'un m'accompagne quand je suis trop chargée, mais la personne est en vacances, alors je me débrouille.

Arrivée au bureau de Poste je glisse les enveloppes dans les urnes, je fais cacheter les recommandés, enregistrer les chronos. Enfin je suis délestée.

Je rentre à l'entreprise reprendre le standard.

Arrive la petite mince que j'ai passé tout l'après-midi à maudire parce qu'elle refuse de me rendre le moindre service et qu'elle pourrait s'appeler "Professionalisme" vidé de toute tendresse. Sèche, raide, sous ses airs de douce, stressée, sûrement, égoïste, peut-être.

Elle m'énerve tout simplement. Je l'aurais voulue maternelle, gentille, solidaire, aimable, rassurante. Tout l'inverse. Elle n'est pas là pour ça, peut-être.

Arrive donc la petite mince que j'ai passé l'après-midi à maudire.
Dans ma tête je l'ai même traitée, à un moment, de grosse conne. C'est pour dire.

Elle me dit : "Je vais récupérer mon chrono" (c'est le reçu qu'on garde après avoir donné le chrono à la poste).

Et là trou noir. De quel chrono parle-t-elle ?

Je ne me souviens pas du tout avoir donné son chrono au gars de la poste.
Elle commence à voir rouge : "C'est un chrono super important en plus ! Qu'est-ce que tu en as fait ?"
D'un coup elle me communique tout son stresse. Elle répète : "C'était un chrono hyper important, il faut à tout prix qu'il arrive demain."
Je lui dis : "Peut-être que je me suis trompée, que je l'ai mis avec les courriers ordinaires"
Elle : "Il faut que tu retournes à la poste, que tu leur demandes, c'est urgent, dépasse tout le monde s'il le faut"
La poste bien sûr à cette heure-là est déjà fermée.
Je cours quand même.
La porte est close.
Cependant j'entends encore les employés s'activer à l'intérieur.
Je frappe.
Je crie.
Je frappe encore contre la porte.
Personne ne réagit.
Je frappe encore.
Rien.
Je suis désespérée.
Il ne se passera rien, je vais revenir bredouille, c'est sûr.

Au bout d'un moment je finis par rentrer.
Quelques instants plus tard arrivent le PDG et le directeur financier. Ce dernier me reproche d'avoir quitté mon poste trop longtemps : le téléphone n'arrêtait pas de sonner dans les étages.
Puis arrive la femme petite et mince.
Quand je lui apprends que la poste ne m'a pas ouvert, elle décide de partir elle-même.
Elle rentre bredouille.
Les joues écarlate. En colère.
Ils lui ont ouvert tellement elle s"'acharnait sur la porte. mais ils n'ont pas trouvé son chrono.

"Qu'est-ce que tu as fait de mon chrono ? Tu l'as affranchi ? Tu l'as perdu ????
Elle se met à fouiller partout, en rage autour de mon bureau, dans la pièce de la photocopieuse.
Et là elle le voit : il est posé sur la photocopieuse. Je l'ai oublié, laissé là.

Elle est furieuse. Elle ne me regarde même pas. Elle part à l'étage, en rage, tel un ouragan jetant des flammes rouges alentour.

Oublier un chrono. Ca arrive n'est-ce pas ?
Mais là, pendant quelques minutes, j'ai comme senti ma vie basculer.
Je me suis vue faire une faute professionnelle, faire crouler la boîte pour cet oubli, me faire tabasser par le directeur financier, être montrée du doigt et jetée à la porte, haïe, fautive, incapable.

La femme mince et petite est remontée dans les étages.
Je ne l'ai pas encore recroisée.
Je ne sais pas si elle m'adressera encore la parole. Elle m'en veut c'est évident.
Je ne sais plus à quel point je suis étourdie, à quel point faire des erreurs est normal, humain, à quel point je suis à la hauteur ou complètement nulle.

Je ne sais plus où j'en suis.
Je sais seulement que là, pendant quelques minutes, j'ai vécu un très mauvais moment.


Publié dans Mitch au boulot

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P
Non non. Mais c'est bien un truc de femme d'être obsédé par la corpulence !
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G
C'est marrant, les caractères "mince" et "petite" reviennent tout le temps, comme si tu étais obsédé par la corpulence et la taille !  Tu ne parles pas de ses cheveux, de son prénom, de ses yeux, seulement de ça !
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M
<br /> <br /> Oui, c'est possible. Ca te gêne ?<br /> <br /> <br /> <br />
S
j'organise un concours tu peut venir voir merci lulu
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