6. Envie de chier en débitant mon histoire

Publié le par Mitchelle

C'était aujourd'hui le 2e jour de la formation. Il a fallu parler à nouveau, chacun son tour, cette fois pour raconter son histoire de long en large. Environ 20 minutes chacun. J'étais la dernière à devoir parler. Inutile de préciser que j'ai eu le temps d'avoir mal au ventre, quelque chose de costaud. Mes mains tremblaient à mesure que mon tour venait. J'essayais de me rappeler une ou deux séances de yoga de terminale, il fallait souffler lentement et profondément. Respirer à fond. Mais rien n'y faisait, je continuais à trembler comme une feuille sans être incapable de me concentrer sur ce que j'allais dire.

Enfin ce fut mon tour. 

J'ai regardé tout le monde, l'air le plus serein et dégagé possible, léger sourire aux lèvres. En réalité j'avais envie de chier. Je savais bien que j'avais l'air d'une inhibée coincée du cul timide fille à maman petite protégée surtout petite peureuse chialeuse emmerdeuse

J'ai dit : "Bonjour, moi c'est Mitchelle" et j'ai ravalé d'un coup ma salive. 

Ensuite tout s'est décanté. Je suis partie de l'enfance, je leur ai raconté toute ma vie, depuis la naissance au pays de Dany Boon jusqu'à cette formation ANPE au couvent des bonnes soeurs. 

Entre autres je leur ai dit : "Au départ je voulais être journaliste. Et puis le prof que je préférais au lycée, mon prof de lettres, m'a totalement déconseillé de faire ce métier. Un métier sans libertés, où chaque journal est détenu par de grands groupes, un métier qui ne vaut plus rien. C'est ce qu'il m'a dit. Je buvais ses paroles à l'époque comme je bois du Passoa aujourd'hui. Tous ses propos étaient avalés, mastiqués, digérés, incorporés. Ses phrases dans mes pores. Ses phrases jusque dans ma culotte. J'ai entendu ce jour-là sa phrase "Le journalisme ça ne vaut plus rien aujourd'hui" et j'ai décidé illico de faire autre chose." 



  

Publié dans Mitch à l'ANPE

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